Les Six actions d’harmonie

L’harmonie a toujours existée dans les conceptions universelles. Simplement elle n’a pas été développée, voir même utilisée pour construire les mondes. Elle est le moyen nécessaire pour créer des liens solides avec l’environnement.

L’harmonie ne se crée pas, elle est le résultat de la pratique des qualités d’éveil et de la culture de celles-ci. Au moment où au moins deux êtres entrent en relation physique, verbale voir spirituelle, l’état d’harmonie doit être présent dans leur environnement, elle est proche de la graine du bien être, de la paix et tout simplement du bonheur. Ce n’est plus une nécessité mais un devoir, une responsabilité individuelle pour apprendre à vivre ensemble dans cet état d’équilibre ou de stabilité. L’harmonie est en même temps la source de l’ouverture à la pratique et le fruit issue de la pratique.

Elles rassemblent un chemin qui du temps du Bouddha a été appliqué comme ligne de pratique dans la Sangha. Cette pratique a apporté l’équilibre et l’harmonie dans la vie de la communauté monastique. A ce jour, cette ligne de conduite est restée comme une « valeur » certaine sur le développement de l’état d’harmonie chez les personnes qui la pratiquent. Ce chemin est celui des Six actions d’harmonie. Quelles sont ces Six actions d’harmonie ? Elles rassemblent six méthodes amenant l’harmonie dans les relations entre les êtres, par les idées, par les paroles et par les actions liées au corps. Elles représentent aussi six états d’harmonies, en créant un environnement bénéfique et rempli de bonheur.

Au cours de la vie de Bouddha, il a enseigné 6 voies de pratique pour aboutir à l’état d’harmonie. Et c’est à travers un soutra qu’il a énoncé les 6 actions d’harmonie (Lục Hòa), le Soutra s’intitule le Kosambi Sutta (Kinh Lục Hòa Câu Diêm Bi Sutta – Sutta 48 en VN). Ce soutra raconte l’époque lorsque le Bouddha a créé une communauté de disciples à Kosambi. Dans cette communauté il y avait deux groupes de disciples : l’un était spécialisé dans la connaissance des Sutras du Bouddha et l’autre était dans celles des préceptes. Pour pouvoir conserver les connaissances enseignées par le Bouddha, il était demandé à chaque disciple de chaque groupe de réciter ou expliquer devant les autres disciples un Sutra ou un Précepte une fois toutes les deux semaines. Un jour où les moines spécialisés dans les Sutras étaient partis enseigner dans les villages voisins, le moines des préceptes avaient décidé d’énoncer un nouveau précepte, qui disait : “Après s’être lavé les mains, avec l’eau de la bassine, il est demandé de réaliser la pratique suivante : – jeter l’eau sale et mettre un couvercle sur la bassine – afin d’éviter des souillures ou le développement de micro-êtres.” Après avoir exposé cette règle à l’autre groupe, celle-ci était immédiatement mise en application. Le problème était que les disciples des Soutras ne respectaient pas toujours les préceptes, en particulier celui-là. Ils l’oubliaient de temps en temps et se faisaient rappeler à l’ordre par les autres, car ils n’avaient pas la même conscience et ne donnaient pas la même importance sur les préceptes que sur les sutras. A force d’être repris, il vint un moment où les deux groupes se commençaient à quereller : de plus en plus de conflit, de désaccord et de disputes. Cet événement était remonté jusqu’à l’oreille du Bouddha et ce dernier décida d’aller les voir pour régler le conflit. Dès son arrivée au village, les disciples disent au Bouddha que ce conflit serait réglé en interne et qu’ils n’avaient pas besoin du Bouddha. Mais sous l’emprise de l’égo, les deux groupes continuaient leur dispute et rien ne s’arrangeait. Et c’est à ce moment que le Bouddha a décidé d’enseigner les Six actions qui ramener l’harmonie dans une situation de conflit, qui sont :

  1. Harmonie entre les êtres (La vie commune dans la paix) : Cet état signifie que dans une famille, dans une société, il faut vivre ensemble en collectivité dans un climat d’harmonie, dans un équilibre relationnel, avec l’amour bienveillant entre les êtres. Pourquoi ? Parce que vivre dans une famille dans un conflit et un combat mutuel, démuni de l’état d’aide et d’amour amènerait à la destruction des relations, à la séparation des liens. En outre dans la société, si les êtres n’adoptent pas l’état de respect et d’amour mutuels, alors la violence augmentera et les êtres de cette société deviendront mauvais, dénués d’amour et d’entraide. Dans ce cas, la vie entre les êtres dans cette société s’animera par un déséquilibre, et de ce déséquilibre apparaîtront des états de souffrance. Vivre ensemble dans un pays qui est baigné dans une instabilité, dans des révoltes ou des manifestations violentes, apportent des inquiétudes et des soucis aux dirigeants de celui-ci. Et ce pays s’enfoncera dans sa propre destruction dans le sang. Ainsi, il est nécessaire de vivre dans l’état d’harmonie, d’apporter la paix, l’équilibre et la prospérité aux êtres pour retrouver l’état de bonheur.
  2. Harmonie dans la parole (Paroles adaptées, dénuées de violence verbale) : La parole doit être nourrie dans la douceur et la modestie sans être développée pour les disputes. Certaines personnes l’utilisent comme moyen de séparation et de destruction des relations entre frères et sœurs, entre les couples et entre les parents et leurs enfants. Tout simplement à cause d’une parole sans source d’harmonie, s’injurier jusqu’à mener des pays entiers dans la guerre et dans la souffrance. C’est pour cette raison que nos ancêtres nous ont appris : « La parole ne s’achète pas, il faut choisir les paroles à dire pour éviter de créer des disputes ». Ou bien la citation de Trang Tử : « Il faut tourner sept fois sa langue avant de parler ». C’est dans cette pratique et cette conscience que la paix reviendra en soi et dans la société. Voici une citation qui en illustre : « Notre bouche compose les pétales de la fleur de lotus A l’éclosion, son parfum rayonne Notre voix est comme le vent du printemps Une fois qu’il souffle doucement, il allège notre esprit »
  3. Harmonie dans les idées (Esprit et idée dans l’équilibre) : Dans le bouddhisme, l’esprit est considéré comme le plus important, il est la cause des actions liées au corps et à la parole. Ainsi la science de l’esprit le définit : « Un comportement destructif amène des actes criminels ». Le comportement et l’acte sont tous les deux en première ligne pour détruire. Par conséquent, de la famille à la société, chacun doit rester vigilant sur ces idées, une idée remplie de sagesse amène l’harmonie dans les relations dues au corps et à la parole. Inversement, l’idée est sans sagesse, alors l’état d’harmonie se changera en un état de désharmonie comme une couche de peinture sur une section de bois effrité. Ainsi le Bouddha a enseigné : « Ne pas accepter autrui, c’est ne pas s’accepter, par contre l’acceptation amène un état d’harmonie dans l’environnement ». Amener l’harmonie dans la pratique de l’acceptation est une autre forme du développement de l’état de Bonheur chez l’autre en se détachant de l’état de souffrance, c’est-à-dire éliminer les états de tristesse, de colère issus de l’autre.
  4. Harmonie dans l’application des préceptes : Pour les laïcs bouddhistes, ainsi que les moines bouddhistes, le Bouddha a créé cinq préceptes pour arrêter les mauvaises actions. Ces cinq actions nous aident à avoir une vie paisible, sur le chemin du dharma. D’une manière générale, apporter l’harmonie dans la vie en famille, la vie en société doit passer en premier par l’application des règles disciplinaires. Pour quelles raisons ? Parce que la vie d’une famille sans règle ou sans discipline transforme les membres de celle-ci en ennemis mutuels, la reconnaissance et le respect disparaissent laissant place à la haine. De même que la vie de la société, du pays, démunis de discipline, la société sera baignée dans le chaos, dans l’immoralité laissant place à la destruction impactant ainsi sur la paix mondiale.
  5. Harmonie dans le partage de la connaissance et de sa compréhension : Lorsqu’on vit dans une famille, dans une collectivité, dans une société, et lorsqu’on a un savoir bénéfique pour notre environnement, on se doit de partager ce savoir dans l’explication et motiver autrui à sa compréhension. Par contre si on veut garder pour soi ce savoir par égoïsme, cet esprit « étroit » sera la cause de conflits, de guerre, amenant à la destruction du savoir et des êtres. Bouddha a enseigné que l’homme est aveugle comme un éléphant. Si on partage ce savoir avec autrui, on pourra mieux comprendre sa signification. Pour la direction d’un pays, on verra clairement les orientations économiques, et mieux aider les personnes à comprendre clairement pour qu’elles puissent agir dans de meilleures conditions. Ceci est « l’harmonie du monde dans le partage des connaissances ». En plus du partage des connaissances intellectuelles, on est aussi amené à partager et respecter le savoir et l’amour culturel entre les peuples. La société doit marcher selon l’enseignement du Bouddha dans une direction bénéfique, il existera encore beaucoup de points pour qu’on puisse établir l’harmonie entre les hommes.
  6. Harmonie dans le partage du matériel ayant un bénéfice pour autrui (partage avec Sagesse des richesses matérielles) : Dans cette pratique, les éléments ayant un bénéfice ou avantage pour l’environnement tels que la richesse, le matériel, la nourriture doivent être partagés avec Sagesse, c’est à dire un partage sans la présence de l’égo. Le Bouddha a enseigné : « Si richesse y a, il faut la partager ». Parce qu’on doit comprendre que la vie est soumise à l’état d’impermanence, on peut posséder une grande richesse matérielle dans cette vie, comme les gouttes de rosée sur les pétales de fleur, dans cet état de partage, il est certain que le fossé entre les sociétés riches et pauvres se réduira et que l’humanité sera moins soumise aux affrontements. Le Bouddha a dit : « Il n’existe pas de classe dans laquelle le sang n’est pas rouge et que les larmes ne sont pas salées ». La conception de l’état de richesse ou de pauvreté provient de l’ignorance des êtres sur la loi de causalité : cultiver l’état de générosité, c’est cueillir l’état de richesse. On entend souvent : « Céder le riz pour obtenir un habit », « Organiser du don de nourriture mondial », « Association des actions humanitaires » etc… Telle est la pratique de l’esprit d’harmonie par le partage de toute « chose » ayant un bénéfice pour autrui.

Donc, si nous pratiquons de manière concrète et complète les Six actions d’harmonie, il est certain que la famille, la société et le monde en bénéficieront, et qu’ils retrouveront le bonheur, la prospérité et que le monde s’illuminera dans un esprit de paix.

Traduit et écrit par Vincent CAO VAN TRUONG

Les commentaires sont fermés.