Les Huit états d’Eveil

D’OÙ VENONS-NOUS ?
LORSQU’ON MEURT OÙ VA-T-ON ?
LA MORT, EST-ELLE UNE EXTINCTION COMPLÈTE DU CORPS PHYSIQUE ET DU CORPS SPIRITUEL ?

Telles sont les questions que le Bouddha historique Sakyamuni s’était posées au cours de sa vie de Prince, après la vision des quatre événements dont trois reflétant trois états de souffrance (Etat Vieillesse, maladie et mort) dues aux changements (Etat d’impermanence) et dont le 4e (Etat de calme mental) qui représente l’état de non souffrance (Stabilité mentale) due à la méditation. Son chemin de recherche pour trouver les “vraies” réponses et les vraies causes à ses questions lui a permis de faire un constat à partir de son expérience par la vision “profonde” sur la réalité de l’existence illusoire de tout phénomène, de toute “chose” qui peuple ce monde et qui mène à la conception du cycle des existences.

Ce fut au bout de 49 jours dans l’état de méditation que le Prince Siddhârta a pu accéder à la lumière sur la nature de l’éveil afin de devenir un être illuminé, un être « éveillé ». En comprenant le processus de naissance et de renaissance de sa propre personne, il a pu comprendre les liens “logiques” entre ses vies du passé jusqu’à sa dernière vie. Le mot “vie” ici prend le sens de période soumise à une naissance et une mort. Il a aussi compris que le karma est le moteur qui fait tourner le cycle des existences lié à la loi du Karma ou loi de causalité. C’est à partir de ce constat que le Bouddha, l’éveillé, avait décidé d’enseigner sa Sagesse et sa découverte à tous les êtres qui voudraient l’accepter, et en premier les compagnons de route qu’il avait rencontrés sur son chemin, entre particulier les 5 frères ascètes. Le premier sermon ainsi donné porte sur les 4 nobles vérités, base des différents enseignements du Bouddha, appelé aussi Suttras. L’éveil étant l’objectif à atteindre et la pratique du Dharma est le chemin ou véhicule qui mène à cet objectif. Il existe plusieurs véhicules d’Eveil dans la pratique du bouddhisme : à travers un de ces Suttras basé sur l’état d’Eveil, on retrouve une partie enseignée par le Bouddha qui explique les 8 chemins ou états d’Eveil (Sutra KINH BÁT ĐẠI NHÂN GIÁC en VN) : cet enseignement n’est pas destiné uniquement qu’à des êtres hautement réalisés tels que les Bodhisattvas ou les Bouddhas mais entre autre à tous les êtres voulant atteindre les états de Bodhisattva ou de Bouddha. Par définition :

  • KINH : signifie Sutra
  • BÁT : signifie Huit
  • ĐẠI NHÂN signifie Grande Personne* tels que les Bodhisattvas et les Bouddhas
  • GIÁC signifie Eveil **

* : Les grandes personnes que le Bouddha veut définir ici, ce sont les êtres éveillés, qui ont une vue claire sur la Vérité dans le Dharma, où il n’y a pas de place pour l’ignorance. Selon le Bouddha, une personne qui ne sait pas encore comment pratiquer le bouddhisme s’appelle une “sous-personne”. Contrairement,

  • Une personne qui écoute les enseignements du Bouddha, qui fait un travail de pratique sur elle-même est appelée une personne éveillée.
  • Une personne qui pratique et applique les 6 Paramitas est un bodhisattva. Et quand elle est éveillée sur ses propres actions et celles de son environnement, elle aura compris d’elle-même que ses états sont proches des Bodhisattvas et des Bouddhas. De cette façon, la classe des Boddhisattvas et des bouddhas seront définis comme des Grandes personnes.

** : C’est savoir, comprendre l’état de Sagesse développée dans la méditation de la pratique, voir ce qui est juste et vraie. C’est aussi une façon de développer une vision juste en comprenant que le savoir (« Intelligence ») développé par une personne du monde est erroné. Avant de commencer à développer ces 8 chemins vers l’Eveil, le Bouddha a demandé à ces disciples de développer deux visions ou deux consciences :

1) La vision sur la protection de l’esprit : savoir contenir l’esprit pour qu’il puisse ne pas s’ébranler, ne pas le laisser fuir dans les 12 directions de l’espace-temps (10 directions spatiales et les 2 directions temporelles : passé et futur). Le Bouddha avait comparé que l’esprit est comme la flamme de la mèche d’une lampe à huile. Quand la flamme n’est pas protégée, elle peut alors être soumise à l’action de l’environnement. Selon l’activité de l’environnement, la flamme vacille selon le courant ou l’influence de ce dernier, dans les directions et les sens des agitations. Ainsi l’intensité et le rayonnement des effets lumineux émis par la flamme ne seront pas « uniformes » et pas « clairs ». Par contre si elle est protégée avec un tube en verre ou autre, les agitations de l’environnement ne pourront pas atteindre la flamme qui gardera un comportement stable et sera protégé contre l’environnement. Sa lumière rayonnera de façon uniforme et l’intensité de la flamme restera constante et claire. L’esprit doit être protégé comme cette flamme, il sera ainsi clair et ouvert vers la compréhension du Dharma.

2) La vision sur la réalité du Dharma : cette conscience est importante car comme le Bouddha l’avait dit :”Mon Dharma n’est qu’un amas de connaissances, aucune croyance, aucune interprétation ne doit être réalisé sur ces connaissances, ne vous attacher pas à ma personne, et encore moins à mon savoir, dans le sens où juger par vous-même si l’existence de mon dharma est réelle en vous penchant sur votre propre expérience, si par vous même vous pourrez la qualifier de réel, alors vous serez éveillé au même niveau que mon éveil !”. Dans son dit il faut comprendre que le Bouddha ne se qualifie comme supérieur à qui que ce soit, ni au niveau de sa personne, ni au niveau de son savoir, il est comme tous les êtres, simplement sa découverte sur la compréhension sur l’origine du cycle des existences lui a permis d’accéder à son propre éveil. Il nous demande simplement de faire son chemin et développer sa vision à partir de nos expériences et de se rayonner intérieurement. Le Dharma est son savoir, et notre expérience est notre savoir. Son dharma nous aide et nous sert de tremplin pour accéder à notre savoir ultime, mais le chemin est notre appartenance.

Ce sutra caractérise les 8 chemins d’éveil des Bouddhas et des Bodhisattvas.

Voici les 8 états d’Eveil :

  1. Le 1er Esprit Eveil : Prenant conscience que les éléments (physique et mental) formant l’être et ceux de l’environnement sont soumis à la loi de l’impermanence, sans état réel, sans notion de l’existence d’un égo, d’un moi, il faut s’en libérer. Il faut savoir que l’esprit est l’origine des méchancetés, il faut se détacher de la vision que le mental est réel et qu’il est le moi. Sachant que cette illusion n’est pas réelle, il ne faut pas l’accepter et ni courir derrière ce moi illusoire. Et en sachant aussi que ce corps est une jungle de mauvaises actions, il ne faut pas l’accepter comme réel et comme l’existence d’un moi. En se regardant, en prenant conscience cet état d’illusion due au changement, on s’éloignera de la souffrance due au cycle de renaissance et de mort.
  2. Le 2e Esprit Eveil : Il faut savoir que l’esprit possession, l’esprit de désir de tout avoir, sans être rassasier, est la source d’une grande souffrance. L’existence du cycle des existences (renaissance-mort) est soumise à cet état de désir, de posséder toute chose du monde. C’est pour cette raison qu’il faut diminuer cet état de désir. Lorsque que le mental s’éloignera du désir et du souhait de posséder, le bonheur et l’harmonie reviendront. On dit souvent que l’esprit de possession n’a pas de fond.
  3. Le 3e Esprit d’Eveil : Ceux qui développent de plus en plus l’état de désir et de possession, développeront de plus en plus les mauvaises actions. C’est dans cet éveil qu’il faut détruire l’état de désir et de possession et les souhaits qui y sont liés. A n’importe quel moment, il faut diminuer cet esprit de vouloir et savoir que c’est suffisant, dans un esprit juste on garde le chemin des mérites et de pratique, pour développer la Sagesse et la prendre comme but ultime pour la vie, sans laisser le mental capturer l’état d’orgueil et de renommée par la richesse mondaine.
  4. Le 4e Esprit d’Eveil : Une personne soumise à l’état de paresse, ne créera pas de mauvaises actions, mais n’avancera pas dans le développement de la Sagesse de la pratique. C’est pour cette raison que la persévérance dans la pratique permet de détruire l’ignorance et l’instabilité intérieure, de s’écarter de l’emprisonnement des 5 visions illusoires et des 3 sphères spirituelles.
  5. Le 5e Esprit d’Eveil : L’origine de l’existence du cycle de naissance et de mort est due à l’ignorance. C’est dans cette conscience qu’il faut écouter les enseignements, grâce à cela la Sagesse se développera et on aura le niveau pour aider les êtres.
  6. Le 6e Esprit d’Eveil : Le non-équilibre mental, psychologique et matériel est dû à l’état d’égo. Il implique un manque chez l’être. Être conscient de ce manque et que l’état d’égo est à l’origine de la non-stabilité du corps et de l’esprit, permet de s’élever dans le remède qui permet de détruire cette maladie. Et le remède qui permet de ramener le bien être et l’équilibre chez les êtres, c’est l’éveil sur la générosité et sa pratique. Cet éveil ouvre les portes sur 3 formes de pratique et leur niveau résultant : le don matériel le don spirituel : le dharma le non de la non-peur
  7. Le 7e Esprit d’Eveil : La vie mondaine agit fortement sur le développement du désir et de l’attachement, entrainant l’état de saisi continu. En élevant cet éveil, l’être doit, bien que sa Sagesse est présente, apprendre à détruire la saisi des choses du monde, en prendre la voie du détachement et du non-saisi : la voie monastique vers le développement de la compassion et de la bienveillance.
  8. Le 8e Esprit d’Eveil : Si on ne cherche pas à savoir la cause de notre existence dans ce monde par la compréhension du samsara, on ne pourra pas développer la voie de la compassion (Véhicule du Mahayana). L’éveil s’élève lorsqu’un être fait le souhait de libérer les êtres de la cause de leur souffrance ainsi de détruire l’état de leur souffrance.

Ces 8 états d’Eveil des Bouddhas et des Bodhisattvas sont en chacun des êtres “ordinaires”, mais ces êtres sont tellement prisonniers de leur états karmiques qu’ils ne peuvent s’éveiller, c’est comme dans un désert de sable, se trouvent des perles de lumière : si on n’apprend pas la générosité (le temps qu’on se donne à l’action), la patience, la persévérance, l’attention, la concentration, la sagesse dans la façon de procéder et à être méticuleux dans la recherche, on ne parviendra pas faire remonter ces perles de lumière à la surface du sable. Ces perles sont les états d’éveil, et les moyens sont les qualités qui permettent à faire fleurir la nature de l’esprit.

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