Les Quarante Principes des Enseignements du Village des Pruniers

1. L’espace n’est pas un dharma inconditionné. L’espace, le temps, la matière et la conscience se manifestent ensemble.
2. Dans la dimension historique, chaque dharma est un dharma conditionné. Dans la dimension ultime, chaque dharma est un dharma inconditionné.
3. Le nirvāṇa est l’absence de l’ignorance (avidyā) et des afflictions (kleśāḥ), mais ce n’est pas l’absence des agrégats (skandhāḥ), des sphères des sens ( āyatanāni) et des domaines de l’existence (dhātūḥ).
4. Le nirvāṇa est le nirvāṇa. Il n’y a pas besoin d’y avoir un nirvāṇa avec résidus (sopādiśeṣa) ou un nirvāṇa sans résidu (anupādiśeṣa).
5. Il est possible de toucher le nirvāṇa dans le moment présent.
6. Nirvāṇa n’est pas un phénomène, mais la vraie nature de tous les phénomènes.
7. Non né signifie nirvāṇa et c’est l’éveil à la vérité de la non mort, de la non-venue et du non-départ, du non le même et non différent, du non être et du non non-être.
8. Les concentrations sur la vacuité, la non-apparence et la non-poursuite nous aident à toucher le nirvāṇa et l’inconditionné.
9. Les trois sceaux du Dharma sont: l’impermanence, le non-soi et le nirvāṇa. Nous pouvons maintenir quatre sceaux du Dharma ou cinq sceaux du Dharma à une condition: qu’ils comprennent le nirvāṇa.
10. Les concentrations de base (samādhi) sont les concentrations sur l’impermanence, le non-soi et le nirvāṇa.
11. La pleine conscience, la concentration et la vision profonde sont les pratiques essentielles qui donnent lieu à la libération.
12. Les préceptes sont la pleine conscience. (Śīla est smŗti.) Les préceptes et les manières raffinées sont des expressions concrètes de la pleine conscience.
13. La diligence juste est l’entrainement à la pleine conscience (moralité, śīla) et donc est également la pleine conscience.
14. La pleine conscience, la concentration et la vision profonde se comprennent les unes les autres. Toutes les trois ont la capacité d’apporter la joie, le bonheur et la libération.
15. La prise de conscience de la souffrance nous aide à reconnaître les conditions existantes de bonheur et nous aide aussi à prévenir la création de mauvaises actions et la plantation de graines négatives qui apporteront de la souffrance.
16. Les Quatre Nobles Vérités sont toutes conditionnées. Les Quatre Nobles Vérités sont toutes inconditionnées.
17. La troisième Noble Vérité peut être appelée la vérité du bonheur.
18. Le libre arbitre est possible grâce aux trois entrainements.
19. Vous devriez apprendre à voir la deuxième noble vérité comme le chemin des huit pratiques erronées. La cause profonde du mal-être n’est pas seulement le désir.
20. Un vrai Arahat est aussi un Bodhisattva et un vrai Bodhisattva est aussi un Arahat.
21. En tant qu’ être humain, vous avez la capacité de devenir un Bouddha. En tant que Bouddha vous continuez à être un être humain. Voilà pourquoi de nombreux Bouddhas sont possibles.
22. Le Bouddha a de nombreux corps: le corps d’un être vivant, le corps du Dharma, le corps à l’extérieur du corps, le corps de la sangha, le corps de continuation, le corps du royaume du Dharma, et la vraie nature du corps du royaume du Dharma. Puisque les êtres humains peuvent devenir Bouddha ils ont aussi tous ces corps.
23. Nous pouvons parler d’une personne comme d’un flux des cinq agrégats, flux continu et en constante évolution. Ce courant circule toujours. Il est en relation avec, reçoit et contribue à d’autres courants de phénomènes. Nous ne pouvons pas parler d’une personne comme d’un soi séparé immuable et permanent.
24. Nous ne pouvons comprendre le véritable enseignement de la renaissance (saṃsāra) qu’à la lumière de l’impermanence, du non-soi et de l’Inter-Etre.
25. Le bonheur et la souffrance inter-sont. Les afflictions et l’illumination sont de nature organique.
26. Le corps de Sangha, le corps de Bouddha et le corps du Dharma inter-sont. Dans une vrai Sangha, vous pouvez trouver le vrai Bouddha et le vrai Dharma.
27. Étant donné que les afflictions (kleśāḥ) et l’éveil (bodhi) sont de nature organique, la pratique doit être constante pour que la transformation puisse continuer et pour que la régression ne puisse avoir lieu. Le Saṃsāra est une continuation et les choses qui sont belles et saines doivent se poursuivre aussi longtemps que possible, tandis que les choses qui sont malsaines et qui ne sont pas belles ont besoin d’être transformées afin qu’elles ne continuent pas. Le compost doit être utilisé pour nourrir les fleurs.
28. La libération du saṃsāra ne signifie pas de mettre fin au soi personnel (pudgala) parce que cette personne n’est pas de toute façon une entité réelle ; et cela ne signifie pas non plus de mettre fin au corps des préceptes et à la vie spirituelle.
29. La naissance et la mort ne sont que la manifestation ou la non-manifestation. Celui qui manifeste et celui qui est manifesté se produisent en même temps, la manifestation d’une chose est la non-manifestation de quelque chose d’autre.
30. Un dharma n’est pas une chose, une entité, mais un processus, un événement et surtout un objet de l’esprit.
31. La rétribution se compose aussi bien de l’entité «  corps-esprit » et de l’environnement ; est à la fois individuelle et collective. Cette terre est la terre Saha pour les êtres vivants mais c’est la Terre Pure pour les Bouddhas et les Bodhisattvas.
32. Il n’y a pas de soi, mais cela n’enlève rien au fait qu’il y a le cycle de la naissance et la mort, qu’il y a l’inter-continuation, et la nature de toutes les inter-continuations est l’inter-être.
33. Chaque génération de pratiquants bouddhistes doit résister à la tendance humaine et au besoin d’une part de faire du Bouddha une divinité et d’autre part d’essayer de trouver un principe qui prenne la place d’un soi.
34. La conscience du tréfonds a la capacité d’apprendre, de stocker, de protéger, de répondre, de nourrir, de guérir et de continuer. Sa fonction est d’établir une base de données et des habitudes inconscientes de répondre aux situations, ce qui rend possible pour un être humain d’agir sur «pilotage automatique».
35. Manas a tendance à chercher la sécurité et le plaisir long et durable. Il est ignorant de la loi de la modération, du danger de la recherche du plaisir et des bienfaits de la souffrance. Il ne voit pas la nécessité de mieux comprendre l’impermanence, le non-soi, l’inter-être, la compassion et la communication.
36. Avec la pratique de la pleine conscience, la concentration et la vision profonde, la conscience mentale peut apprendre et transmettre ses visions profondes à la conscience du tréfonds et laisser la conscience du tréfonds faire le travail de maturation puis manifester les graines de sagesse qui sont déjà dans la conscience innée du tréfonds.
37. La pratique de base du bouddhisme Source sont les quatre domaines de la pleine conscience qui ont la fonction de reconnaître et de transformer les énergies d’habitude et de réaliser pleinement les sept facteurs d’éveil et le Noble Sentier Octuple. La pratique de la méditation Mahāyāna y compris le Zen des patriarches a besoin de temps en temps de revenir en arrière pour prendre un bain dans le bouddhisme Source afin de ne pas perdre l’enseignement essentiel du Dharma du Bouddha.
38. La réalité de la Terre Pure ou nirvāṇa transcende l’espace et le temps. Il en va exactement de même pour la réalité de tout le reste.
39. Les conditions, sentiments, skandhas, āyatanas, dhatus, vijñānas, etc … sont différentes façons de présenter les enseignements. Ces différentes façons de présenter les enseignements ne sont pas en opposition les unes aux autres.
40. Les enseignements sur l’impermanence, le non-soi, l’interdépendance, la vacuité, la non-apparence, la non-poursuite, l’attention, la concentration et la vision profonde, etc … constituent le cœur de la sagesse bouddhiste. Ils peuvent aller de pair avec l’esprit de la science, ils peuvent être utilisés dans le dialogue avec la science et offrir des suggestions, et être un soutien pour la recherche scientifique. La science moderne devrait essayer de surmonter la tendance à la double saisie et les scientifiques doivent se former pour développer leur capacité d’intuition.

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