Le Bouddha a pris sa dernière renaissance sur ce monde par compassion aux êtres. L’état de compassion est pratiqué bien avant que le prince Siddhârta soit devenu un Bouddha. Durant plusieurs étapes de sa vie le Prince Siddhârta a pratiqué et cultivé cet état de Compassion, par exemple lors de ses 4 visions hors du Palais, pendant sa méditation lorsqu’il a constaté le cycle logique de la vie des êtres ou bien quand son cousin Devadatta à blessé un cygne blanc en plein vol … La connaissance de son histoire a montré que la Compassion (en sanskrit Karunâ) et l’Amour bienveillant (en sanskrit Maitrî) font partie de 2 qualités maitresses dans la pratique du Bouddhisme. On dit souvent que le bouddhisme est le chemin de la Compassion et de la Bienveillance. Des grands maitres ont des émanations de ces 2 états, en particulier le Dalai Lama est une émanation du Boddhisattva de la Compassion, le Boddhisattva Avalokitésvara.
Que signifie exactement cette notion de compassion dans la philosophie bouddhiste ? La compassion est parfois synonyme d’amour et fait intervenir l’état d’amour. A quel moment peut-on considérer que l’état de compassion est mis en pratique, dans quelles circonstances, sous quelles formes ? On ne peut parler de compassion et de bienveillance sans parler de la notion de souffrance. La souffrance des êtres a élevé cet état de compassion et d’amour. Ce qui signifie que avant de pouvoir développer la compassion et la bienveillance, il faudrait comprendre et approcher l’état de souffrance, il faudrait aussi apprendre à reconnaître la souffrance chez soi et surtout chez l’autre pour pouvoir à ce moment, développer la compassion et la bienveillance, sinon il en sera difficile.
Reconnaitre la souffrance de l’autre sous entend une compréhension exacte de ce que c’est que la souffrance, sa nature et sa manifestation. Cette étape est parfois délicate quand l’autre ne laisse pas refléter sa souffrance intérieure. C’est pour cela que le Bouddha parle de ne plus voir avec nos sens mais de voir avec notre esprit, avec les yeux du coeur : c’est comme une mère qui reconnait la souffrance de son unique enfant même si celui-ci la dissimule, c’est plus qu’une simple apparence, c’est beaucoup plus profond, c’est au delà des sensations physiques, on parle de vibrations psychologiques et mentales. Après avoir pris conscience que l’autre est en souffrance, l’étape suivante est de pourvoir soulager son état de souffrance, de le supprimer. C’est dans la Sagesse et la mise en pratique du dharma, que la personne qui cultive l’état de compassion, pourra éradiquer la souffrance d’autrui, parfois par la parole, parfois par les actions venant du corps, parfois par les souhaits en créant une énergie spirituelle, telles que des récitations de soutra, de mantra, pour un environnement bénéfique pour autrui. Après avoir enlevé la souffrance de l’autre, il est à nouveau dans l’écoute : c’est à ce moment qu’il est facile de lui redonner de la joie, du bonheur en pratiquant la bienveillance.
La compassion, từ bi en VN, est définie comme une qualité mais elle peut aussi être définie comme une action. Par traduction littérale, la première partie du mot từ bi, le mot Từ signifie que l’état de compassion et d’amour développés doivent être réalisés pour tous les êtres, quelque soit leur forme, sans différenciation de classe, quelque soit le mode de vie, quelque soit leur état … . C’est aussi être complètement disponible pour pouvoir leur fournir un bien être et un bonheur sans retour. Et le mot Bi constituant la deuxième partie du mot, signifie que l’on doit secourir tous les êtres en souffrance sans barrière, avec une ouverture sans égo. Il faut agir pour les libérer de la souffrance qui les anime, pour leur créer des conditions et leur donner des moyens de revenir sur le chemin du bonheur et du bien être.
Cet état est un tremplin pour cultiver un esprit de générosité, de persévérance dans un effort bénéfique et d’agir pour le bien de tous les êtres. C’est dans cette direction que le pratiquant peut développer de la générosité dans le don :
– l’action de donner sur ce qui est difficilement donnable – l’action d’accepter sur ce qui est difficilement acceptable – l’action de réaliser sur ce qui est difficilement réalisable
Il existe un soutra sur la compassion et la bienveillance, c’est le Metta Sutra.